Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’une nouvelle menace de conflit de crise postélectorale, encore moins des risques liés aux aléas climatiques. Ces risques sont malheureusement toujours présents, tant les démocraties sont encore fragiles et tant d’économies de la sous-région sont encore portées par le secteur agricole. Dans ce billet, nous nous intéressons plutôt à ces risques qui ont pour nom terrorisme, cyberattaque et désinformation et qui malheureusement prolifèrent comme un virus menaçant pour les économies, y compris celles de la sous-région ouest africaine.
Terrorisme, cyberattaque et désinformation, ces nouvelles menaces à l’économie
En mai 2019, deux touristes français avec leur guide béninois ont été enlevés dans le parc national de la Pendjari au Nord du Bénin. Le guide sera retrouvé assassiné et les deux touristes libérés quelques jours plus tard après l’intervention des forces spéciales françaises. Plus récemment en octobre, deux ressortissants britannique et sud-africain et leur guide ougandais ont été assassinés dans le parc national Queen Elizabeth en Ouganda. Le point commun de ces deux faits ressemblants est leur origine, à savoir qu’ils sont attribués à des groupes affiliés à des mouvements jihadistes. L’autre point commun est qu’au-delà du drame humain, ce type d’attaque porte un coup à l’économie des pays et des sous-régions concernés à travers l’impact potentiellement négatif sur le tourisme.
Contrer le terrorisme pour éviter de créer des zones de non-droit
Le terrorisme est à nos portes, c’est une réalité. Et ces deux cas cités sont malheureusement loin d’être des cas isolés et la crainte que la situation dissuade une partie des visiteurs des pays et des régions concernées est bien réelle. Il s’agit d’une question de sécurité qui, si elle n’est pas contenue rapidement peut dissuader des investisseurs et au-delà dégrader la perception de la région, avec le risque de créer des zones de non-droit au sein des Etats. Mais, ces menaces visibles du terrorisme ne doivent pas occulter les autres menaces moins visibles telles que les cyberattaques et la désinformation qui croissent au même rythme que l’internet et les systèmes d’information connectés prennent place dans le quotidien des populations et des entreprises.
La cyberattaque, une menace pas si éloignée que ça
De grosses entreprises et pas des moindres ont été victimes de cyberattaques ces dernières années. On compte parmi celles-ci le géant américain Microsoft avec le piratage de son outil Microsoft Exchange en 2021, l’avionneur européen Airbus, et il y a quelques jours la branche américaine de la banque chinoise ICBC dont l’attaque a eu pour conséquence d’impacter l’un des plus importants marchés obligataires du monde. Les entreprises basées en Afrique sont peu disertes sur les cyberattaques dont elles sont victimes. Est-ce parce qu’elles ne sont pas touchées ou parce que leurs processus de production ou de service sont par nature moins exposés à ce type de risque ? Il est un fait que les cyberattaques, lorsqu’elles n’ont pas une visée politique, ou ne sont pas guidées par un activisme particulier, leur motivation première reste le gain notamment via l’exigence de paiement d’une rançon. Les attaques ont tendance donc à cibler les organisations ayant les moyens de payer la rançon exigée. Malheureusement encore, mettre la main sur des données sensibles ou bloquer des systèmes vitaux en exigeant un paiement ne sont pas les seuls dangers qui nous guettent. Il y en a qui sont bien décidées à manipuler nos consciences ou bien nous faire croire ce qu’ils veulent à travers les fakes news ou la désinformation.
La désinformation, attention à ne pas minimiser ses conséquences
C’est une menace qui malheureusement semble être prise encore à la légère. Et pourtant, c’est un véritable fléau qui peut mettre à mal l’équilibre social. Même s’il est un cas lointain de nos réalités, les manipulations d’informations ayant pour but d’influer sur l’opinion des votants aux dernières élections présidentielles américaines reste un des exemples les plus emblématiques de jusqu’où peuvent aller les conséquences de la désinformation. Il est question ici des Etats Unis d’Amérique, l’une des démocraties les plus solides du monde, où la presse en tant que quatrième pouvoir joue pleinement son rôle et où l’accès à la bonne information n’a pas de coût.
En faisant le parallèle avec nos sociétés où accéder à une chaîne d’information nationale n’est déjà pas à la portée de tous les citoyens et où les réseaux sociaux sont quasiment la source d’information d’une bonne partie de la population, on s’aperçoit vite de combien le défi est énorme pour parvenir à protéger nos sociétés de ce fléau qu’est la désinformation. Mais l’espoir est encore permis.
On peut répondre en partie à cette menace en éduquant mieux la population, en renforçant la législation et la sensibilisation sur les risques à consommer, à produire, à diffuser ou à relayer des fausses informations. Cette mission pour qu’elle ait une efficacité doit être une affaire commune du législateur, du pouvoir, des médias et de la population, mais pas de l’un sans l’autre.