Par un communiqué conjoint du ministère du commerce et de l’industrie, du ministère de l’agriculture du développement rural et des productions vivrières et du ministère du budget, la Côte d’Ivoire vient de prendre une mesure de suspension temporaire de l’exportation de certains produits vivriers.
La Côte d’Ivoire interdit temporairement l’exportation de produits vivriers
Cette mesure prise le 15 janvier 2023, alors que le pays accueille la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) surprend à la fois par sa nature, par son timing, mais aussi par les produits vivriers concernés.
Est-ce pour répondre à une trop forte demande intérieure? est-ce pour limiter les prix sur ces produits ou est-ce pour prioriser les industries locales en manque de matières premières? Dans tous les cas, cette disposition immédiatement applicable prend de court à la fois les exportateurs qui sont les premiers visés, mais risque de ne pas épargner les producteurs. La question sur son efficacité se pose également.
Limiter ou interdire les exportations porte un coup au libre-échange et au libre commerce. Les produits agricoles tels que le maïs, le riz, la banane, la tomate, le gombo qui sont entre autres ciblés par cette suspension temporaire, lorsqu'ils sont exportés alimentent surtout le marché sous-régional et participent au maintien d’un certain équilibre entre l’offre et la demande.
Décider unilatéralement d’imposer des restrictions, même si elles sont temporaires peut encourager d’autres pays à recourir à la même mesure. L’intégration économique risque dans ce cas d’en prendre un coup.
Quant au moment choisi à savoir en plein déroulement de la coupe d’Afrique de Nations, il questionne. Est-ce une façon de faire passer la pilule en douceur aux exportateurs alors l’attention est plutôt tournée vers la compétition sportive en cours ? Ou alors il s’agit d’endiguer une vraie tension inflationniste sur les prix de ces produits, tension qui serait accentuée par un surplus anticipé de consommation conjoncturelle. Rappelons qu’avec une population avoisinant les 28 millions et un nombre de visiteurs estimé à un million et demi pour la CAN, l’hypothèse n’est pas complètement absurde.
Cette mesure est prévue pour durer 6 mois et concerne le manioc, l’igname, le maïs, le riz, le mil, le sorgho, le fonio, la graine de palme, la banane plantain, le piment, l’aubergine, la tomate, le gombo. Certains produits dérivés sont aussi visés: l’attiéké, la semoule de manioc, la cossette de manioc, la pâte de manioc, la poudre de gombo, la poudre de piment et la poudre de maïs.