Entre 350 fcfa et 400 fcfa, c’est la somme qu’il faut débourser pour se procurer un kilogramme (ou « Tohoungodo » mesure locale) de maïs sur les marchés de détail au Bénin. Il y a 6 mois, cette même mesure coûtait environ 275 fcfa soit une hausse de près de 40% en moyenne ; de quoi affecter considérablement le pouvoir d’achat des ménages.
Hausse du prix du maïs au Bénin, un coup dur pour les ménages
Pour l’année 2023, la production céréalière, incluant le maïs, a largement dépassé la moyenne des cinq années précédentes selon la Direction de Statistique Agricole (DSA). Mais cette augmentation de la production, elle-même liée à une augmentation des surfaces cultivables dédiées serait en fait trompe-l’œil, car la productivité a chuté sur la même période. Autrement dit, à surface cultivable égale, la quantité produite a diminué en 2023. C’est notamment le cas sur le maïs, mais également sur le riz.
Cependant, cette situation n’expliquerait pas à elle seule l’augmentation des prix constatée. Pour le ministre de l’Agriculture Gaston Dossouhoui, cette hausse serait l’effet d’une spéculation. Les commerçants pourraient avoir différé la mise sur le marché de leur stock en attendant des prix plus intéressants afin d’améliorer leur marge. L’effet d’une offre plus réduite face à une demande constante, voire croissante aurait poussé les prix de ce produit de grande consommation vers ce niveau inhabituel observé.
Contrairement à d’autres produits, aucune restriction ne pèse sur l’importation ou l’exportation du maïs. Une partie de la production du Bénin peut donc être écoulée au Nigéria ou dans d’autres pays voisins au gré des mouvements de prix. Cela pourrait expliquer les tensions à la hausse observées. C’est en tout cas l’autre argument avancé par le ministre comme explication possible. Cette situation a été déjà observée par le passé sur des produits moins saisonniers comme la tomate. Mais la hausse dans ce cas se limite généralement à Cotonou, la capitale économique proche de la frontière avec le Nigéria.
Afin de soulager la population, ou du moins de montrer qu’il ne reste pas sourd à la grogne qui se fait entendre de plus en plus, le gouvernement a dévoilé quelques mesures. Une d’entre elles serait le financement de l’utilisation de semences à haut rendement qui pourraient améliorer la productivité. L’utilisation d’autres types d’intrants (engrais) plus performants serait également une piste avancée pour permettre d’améliorer le rendement de la production pour les années à venir. Le gouvernement s’est engagé à y apporter son concours à travers la promesse d’une subvention de près de 25 milliards de FCFA à accorder pour l’acquisition d’engrais chimiques pour la campagne agricole 2024-2025 au profit des cultures vivrières, mais aussi de la culture cotonnière - annonce faite lors du conseil des ministres du 17 avril 2024.
Ces dispositions qui visent les prochaines campagnes, n’apportent pas de solutions immédiates aux attentes des populations. Aussi, les modalités de bénéfice de ces subventions par les agriculteurs ne sont pas encore connues. En attendant, en guise de soutien à la population, les confédérations syndicales prévoient une grande marche pacifique de protestation ce samedi 27 avril à Cotonou. Ils l’ont fait savoir à travers un communiqué en date du lundi 15 avril 2024 signé par leurs secrétaires généraux, Anselme Amoussou pour la CSA-Bénin, Bachabi Moudassirou pour la CGTB, et Apollinaire Afewe pour l’UNSTB.