Les membres de la Conférence épiscopale du Bénin ont exprimé leurs inquiétudes sur l'actuel code électoral au Bénin. C’était à la faveur d'un colloque organisé ce 25 avril 2024 au Palais des congrès de Cotonou sous le thème « Le code électoral, le vivre ensemble et la participation de tous à la construction de la Nation : Contribution de l’Église à la paix sociale pour des élections véritablement démocratiques en 2026 ».
Après la promulgation du nouveau code électoral par le président Talon, le clergé catholique béninois livre ses inquiétudes
Adopté dans la nuit du 05 mars dernier au Palais des gouverneurs de Porto-Novo par les députés de la majorité présidentielle, malgré le vote « contre » des 28 députés de l’opposition (Les Démocrates), le code électoral n'a cessé d'alimenter de vives réactions tant au sein de la classe politique qu’au sein de la société civile.
La loi modifiant et complétant le code électoral dispose des conditions de candidature à la présidentielle et celles du partage des sièges au niveau du Parlement. Désormais, les candidats à l’élection présidentielle de 2026 sont soumis à une contrainte de parrainage d'au moins 15% des députés et/ou maires au lieu de 10% conformément à l'ancien code électoral. De même, tout candidat à l'élection présidentielle devra obtenir le parrainage de 28 députés et maires. Cependant, les députés et les maires ne peuvent parrainer que des candidats membres ou désignés par le parti qui les ont élus.
Autre nouveauté concernant le partage des sièges à l'Assemblée nationale; seuls les partis ayant obtenu au moins 20% des suffrages exprimés sur le plan national peuvent prétendre à un siège au niveau de l’Assemblée nationale contre 10% de suffrages exigés précédemment. Pour l’opposition, ce code est taillé sur mesure pour favoriser à la fois les partis et les candidats de la mouvance qui tiennent la majorité au sein de l’assemblée, mais également qui comptent le plus d’élus parmi les maires. Ils vont plus loin en considérant que ce code porte les germes de potentielles crises électorales futures.
L’avis du clergé va dans le sens de ce que dénonce l’opposition. Il souligne le risque d’exclusion et alerte l’opinion sur les divisions politiques et sociales que ce nouveau code pourrait créer. Selon l'archevêque de Cotonou, Monseigneur Roger Houngbédji, l'Église catholique béninoise a le devoir d'empêcher non seulement « le peuple béninois d'aller à son mécontentement » mais aussi « les partis politiques à leur division ».
Dans la tradition politique de ces trente dernières années, le clergé catholique béninois a à plusieurs occasions contribué à l’apaisement de la vie politique. Et dans le contexte politique actuel ou l’opposition, du fait de sa faible représentation a peu de marges de manœuvre dans l’exercice législatif, le clergé entend exercer son droit d’alerte et prévenir le pays d’une énième crise pré ou post électorale.
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