Près d’une semaine après l’annonce par le président en exercice Macky Sall du report des élections, la tension reste toujours vive au Sénégal.
Tensions toujours vives au Sénégal après le report des élections
Le bilan des répressions des manifestants de ce week end fait état de 3 morts. De Dakar à Saint Louis en passant par Thiès ou Ziguinchor, tout le pays a été secoué par des rassemblements de manifestants appelant non seulement à un respect du calendrier électoral initial, mais aussi à la libération des opposants.
Malgré la violence des affrontements avec les forces de l’ordre, une partie de la population considère ces manifestations comme le seul moyen de faire plier le président Macky Sall et de restaurer la démocratie qu’elle considère menacée à jamais.
Initialement prévue pour le 25 février, les élections ont été reportées au 15 décembre après un vote de l’Assemblée Nationale appuyant la décision du président. Le pays qui a toujours incarné une stabilité et une maturité démocratique est désormais plongé dans une instabilité dont il est difficile de prédire l’issue, d’autant plus que pour une partie des Sénégalais, le 2 avril, date officielle de la fin de son mandat, Macky Sall n’est plus sensé être à la tête du pays.
Depuis 3 ans, le pays vit au rythme des crises juridico-politiques. La détention depuis le 28 juillet 2023 de Ousmane Sonko, président du parti « Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) » et le rejet de sa candidature aux élections par le conseil constitutionnel, ainsi que le rejet de la candidature de Karim WADE fils de l’ancien président Abdoulaye WADE ont semé dans l’opinion d’une partie de la population l’idée que le président Macky Sall est en train de créer les conditions pour écarter les opposants et garantir au premier ministre Amadou Ba son "candidat choisi" une élection dès le premier tour.
Le continent détient le triste record de crises post-électorales. Là, il s'agit d'une crise pré-électorale qui s’invite sur le chemin vers la démocratie. Tordre le cou au jeu démocratique qui pourtant les a amené au pouvoir semble être une pratique de plus en plus répandue chez certains dirigeants du continent.